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starfishA la fin de mon livre Découvrir les vraies richesses, je raconte l’histoire de cette dame âgée mais combien alerte et vive qui est en train de rejeter dans l’océan des étoiles de mer qu’une grosse tempête a jetées par dizaines de milliers sur la plage. Passe un touriste qui lui demande : « Mais qu’est-ce que vous faites ? A quoi ça sert ? Il y en a des milliers et des milliers ». La dame se baisse, et avec un immense sourire et un éclair amusé dans les yeux, elle rejette une étoile de mer dans l’océan avec une énergie décuplée et dit au touriste : « Pour celui-là, cela fait toute la différence. »

Depuis 17 ans, je suis visiteur de prison bénévole à la prison de Champ Dollon à Genève. Un travail merveilleux et qui oblige surtout à une écoute sans aucun jugement – pas évident quand vous avez devant vous un violeur ou un meurtrier. Il y a quelques jours, je visite pour la première fois un détenu du Nigéria, Dani. Le « feeling » passe de suite. Il me raconte son histoire.

Pendant 12 ans il a vécu en Espagne, où il a une femme et deux enfants. Le chômage massif aidant, il se trouve longtemps sans emploi. Un ami lui propose de transporter de la drogue à Genève et il se fait coincer en arrivant. Il me dit qu’il doit quitter la prison dans trois jours, puis il sera expulsé de Suisse. Il n’a pas un sou et il voudrait tellement être de retour chez lui pour Noël. De retour chez moi, je bondis sur mon ordinateur. Easyjet. Hors de prix (c’est presque Noël). Mondo voyages, mon voyagiste super sympa, me trouve au billet pour 190frs. Je téléphone à la police, leur faxe le billet, l’inspectrice de la brigade concernée me dit que je peux retrouver Dani juste avant le départ à l’aéroport. Alors le matin du départ, je joue au Père Noël et vais faire quelques achats, car pour un Africain, rentrer de l’étranger sans rien pour la famille est la honte suprême (surtout juste avant Noël). J’ai pu entre temps alerter sa femme, souhaiter bon anniversaire au fils de la part de son père, et le tour est joué.

Le soir même je suis invité chez de très bons amis. Le mari me rappelle en début de soirée le récit de la femme aux étoiles de mer. Puis nous parlons de mon travail à Champ Dollon et je lui raconte ma dernière rencontre le jour même et d’un autre cas vraiment dramatique dont je m’occupe et dont j’ai déjà parlé dans ce blog. Quand je les quitte, mon ami me glisse discrètement une enveloppe dans la main. Je la sors dans le tram, et remarque sur l’enveloppe un mot écrit à la hâte, « Pour tes étoiles de mer ». Dans l’enveloppe, deux mille francs.

Le but premier de ce blog n’est PAS de raconter cette expérience, mais de souligner que notre monde déborde d’histoires d’entraide, de gestes de compassion qui parfois sauvent des vies, du travail de centaines de milliers de volontaires (juste dans notre petit pays) qui servent en silence …mais dont les médias ne parlent pour ainsi dire jamais. Le monde du quotidien presque jamais rapporté, mentionné, publié est infiniment plus positif que celui dont nous parlent nos média. Ce sera le thème de notre prochain blog.

En attendant, je vous souhaite un Noël dans la paix profonde et une douce joie qui ne s’éteint pas.

Voir le texte d’Osho que nous venons de mettre dans la rubrique Ecrits, sous-rubrique « A méditer ».
N’oubliez pas dans cette rubrique la sous-rubrique « Désapprentissage » qui est régulièrement enrichie de nouveaux textes.